jeudi 15 octobre 1992

Choix d'un orgue

 Cela a été toute une aventure, pour moi, que de piloter ce dossier du choix de l'orgue pour la nouvelle église de l'Épiphanie, et j'aurai probablement beaucoup de choses à raconter à ce sujet. L'un de ces jours, peut-être! Entre-temps, voici quelques notes tirées d'une réponse à un confrère informaticien qui me posait des questions au sujet de notre futur orgue:

... Effectivement, j'aurais pu mettre de la pression et avoir l'orgue au printemps, mais dans ce genre d'ouvrage fait pour durer 200 ou 300 ans, il serait fou de vouloir sauver 2 mois sans raison.

Les artisans se suivent et se remplacent selon leur spécialité, mais ils sont peu nombreux à travailler en même temps. Pratiquement tout est fait à la main. Toute la mécanique de l'orgue est essentiellement une pièce d'ébénisterie de haute précision. Le buffet est de l'ébénisterie décorative. Les tuyaux sont amalgamés, titrés, coulés, étendus, martelés, roulés et assemblés à la main, mais ailleurs, en Allemagne. L'harmonisation des 1245 tuyaux, qui consiste à sculpter le son qu'ils produisent en fonction de critères esthétiques bien définis, d'abord à l'usine, ensuite au point de livraison.

Quoique certains organiers partent d'arbres entiers et fasse eux-mêmes le sciage des planches et le séchage, dans mon cas, les matériaux bruts sont préparés et obtenus d'ailleurs. Il s'agit d'abord de toute une panoplie de types de bois séchés à la perfection, venant de divers pays selon la dureté, la porosité, les qualités sonores et la beauté du grain. Les tuyaux utilisent des mélanges précisément dosés de plomb, d'étain, et de traces d'antimoine pour les durcir. Les abrégés utilisent des tiges d'aluminium et des fils de laiton obtenus d'ailleurs. Dans les registres, il y a des anneaux télescopiques en plastique qui ont été moulés ailleurs, et de grandes lames de matériel synthétique qui, usinées sur place, sont quand même achetées d'autres industries. Notre organier ne fabrique pas lui-même ses colles. La soufflerie, constituée d'un moteur électrique très silencieux et d'une centrifugeuse, est toute entière achetée d'usines spécialisées. Par contre, le soufflet cunéiforme sera assemblé sur place, pans et peaux.

L'organier sait très bien où il s'en va. Mais je suis les travaux au nom de la paroisse, pour bien connaître la manière dont notre orgue sera fait, et interagir si le cas me semble critique. Mais le contrat est explicite sur un très grand nombre de points, la marge de manoeuvre n'est pas très grande.

Des gens m'ont suggéré de plonger et de me gaver de musique, autant que je le puis, de manière à me préparer à faire un meilleur choix. Voici un peu de quelle manière j'ai procédé.

En musique, je pratique l'orgue régulièrement à l'Assomption (un Casavant 1926 électropneumatique de 28 jeux sur 3 claviers, devis romantique servant la musique française) et à Repentigny (un Guilbault-Thérien 1988 mécanique de 22 jeux sur 2 claviers, devis classique servant les musiques françaises et allemande). En plus du répertoire «classique» auquel j'ose m'attaquer, je voudrais apprendre quelques pièces québécoises composées récemment. Je pense de ce temps-ci à écrire quelques harmonisations de courtes pièces, plutôt que toujours les improviser lorsqu'on me demande d'accompagner aux offices. J'ai en tête de faire la transcription pour orgue d'une grande pièce orchestrale, de Holst.

Je participe aussi à plusieurs groupes d'organistes: l'AOM et Laudem à Montréal, et sur invitation, quelques activités des AO de Québec ou d'ailleurs. Justement, je passe la journée de lundi à l'abbaye cistercienne de Rougemont à un atelier sur l'improvisation d'accompagnement. Je m'occupe aussi, à temps perdus, d'organiser une association locale d'Amis de l'Orgue dans mon village. J'assiste aussi à plusieurs concerts, bien sûr. Justement, Mario Duella joue dimanche à 14:30 à l'église Saint-Marc-de-Rosemont (Beaubien, quelques blocs à l'est d'Iberville), sur un Casavant 1961 de 38 jeux répartis sur 3 claviers. C'est un orgue de tradition romantique française qui a la bizarre originalité de ne pas avoir de buffet. Viens faire un tour: c'est gratuit (il y a quête à la fin).

En informatique, de ce temps-ci, le projet GNU m'occupe avec l'entretien de m4, de gptx et de wdiff, mais aussi par quelques contributions au projet Autoconf et à Taylor UUCP, et un grand nombre de broutilles qu'il serait long d'énumérer. Comme projet spécial, j'ai en tête un convertisseur automatisé de texte ASCII vers Texinfo, dans le but de traiter la majorité des FAQ sur Usenet. Je veux apprendre de manière approfondie l'usage de TeX, METAFONT et le système de fenêtrage X. J'ai quelques projets libres en infographie ou en traitement d'images; depuis quelques semaines, je réfléchis au problème de la vision stéréoscopique, mais cela me semble très ardu.

Je combine musique et informatique dans un projet scoredit, qui n'est pas très avancé mais qui devrait prendre de l'ampleur. Il s'agit d'un système d'édition de partitions musicales, conduit interactivement. Je veux aussi m'attaquer au problème de la reconnaissance optique de partitions déjà écrites. En moindre priorité, je voudrais traiter de la production de séquences MIDI, parce que plusieurs me le demandent.